Bourgueil Grand Mont

Les vignes plantées dans les années d'après-guerre poussent ici sur un sol argilo-calcaire. Elles sont bien vieilles, n'est-ce pas ? D'autres vignerons les auraient probablement remplacées il y a déjà 20 ans et auraient misé sur du matériel plus jeune avec une vigne porte-greffe qui pousse bien et donne beaucoup de fruits. Oui, malheureusement, cela existe désormais aussi dans cette région qui, pour moi, est si loin de tout le glamour et qui me tient donc tant à cœur. Mais heureusement, rares sont encore ceux qui investissent ici uniquement pour l'argent. Il y a encore de la place ici pour ceux qui recherchent le cabernet franc ou le chenin blanc parfait, qui n'ont pas des millions à dépenser, qui rassemblent toutes leurs économies et les misent sur une seule carte. Je tire mon chapeau à ces personnes courageuses. Mais pas seulement à celles qui viennent d'arriver ici, non, aussi à celles qui sont nées ici et qui travaillent avec passion à la perfection de leurs vins, à des familles comme les Gauthier !

Mais revenons au vin, qui ne bénéficie d'aucun traitement spécial dans la cave. Non, comme tous les autres vins des Gauthier, il est simplement égrappé, fermenté spontanément et élevé dans des demi-muids (fûts de chêne d'une capacité de 600 litres), dont certains peuvent être neufs, pendant environ deux ans. D'ailleurs, même un vigneron expérimenté ne peut jamais dire exactement combien de temps un vin doit rester en fût, car d'innombrables facteurs influencent ce processus et c'est le vigneron seul qui décide quand le vin est suffisamment bon pour être conservé tel quel, car la mise en bouteille n'est rien d'autre que cela.

J'ai déjà dégusté ce vin délicieux chez Anne-Sophie Pic, dans son bistrot à Valence, et j'ai noté : « Hmm, il est assez dense. Il semble y avoir beaucoup de vin dans le verre, mais je le trouve à peine. Mettons-le donc en carafe. » Après avoir lutté pour finir une demi-bouteille d'Ulysse Colins Les Perrières – oui, vous avez bien lu : lutté –, car je n'arrive tout simplement pas à comprendre les vins d'Olivier Colin, notre Grand Mont a commencé à s'ouvrir lentement (Dieu merci, car je n'aurais pas pu avaler plus de ce champagne). J'ai continué à prendre des notes : « De merveilleuses notes de cerise se marient avec du thé noir et une touche de graphite qui laisse immédiatement place à de subtiles notes de cuir. Waouh, ce vin sent incroyablement bon. En bouche, il est droit, tout est à sa place, exactement là où il doit être. Par exemple, les tanins qui caressent le palais avec leur grain très fin, ou l'acidité, l'énergie du vin, qui intervient merveilleusement au milieu et porte le vin à l'infini. La finale est tout simplement grandiose. Le vin est juteux et se termine sur une note salée délicieuse. C'est un grand vin. » Le seul problème était que nous n'avions pas ce vin dans notre gamme. Eh bien, je suis heureux de vous annoncer que j'ai entre-temps résolu ce problème ! Je vous souhaite beaucoup de plaisir avec ce grand vin !